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La sécheresse : situation du printemps 2018

Depuis le printemps, la Belgique ainsi qu’une grande partie du nord et de l’ouest de l’Europe sont touchés par la sécheresse.

Cette sécheresse est le résultat de la combinaison d’un déficit de précipitations d’une part, et de beaucoup d’évaporation, d’autre part. Depuis le début du printemps, nous avons souvent dû faire face à des situations de “blocking” persistantes, empêchant les zones de précipitations en provenance de l’Atlantique de nous atteindre. Des zones de haute pression se situaient souvent au-dessus de l’océan atlantique, jusqu’en Grande-Bretagne et en Scandinavie. Le sud et l’est de l’Europe ont connu peu de variations de pression et parfois, quelques zones de basses pressions (thermiques) ont amené des averses ici et là. Cette configuration a souvent été à l’origine d’un flux d’air continental sec en provenance du nord et de l’est. De plus, de par l’effet stabilisateur de la zone de haute pression à proximité, le soleil a brillé plus que la normale, surtout lors des mois de mai et pour l’instant en juillet. Et enfin, des températures supérieures aux normales sont enregistrées depuis une longue période.

Figure illustrant la situation de blocking au-dessus de l'Atlantique.

Des fronts ont cependant pu nous atteindre entre deux épisodes de blocking, mais souvent de manière affaiblie. Des masses d’air instable se sont parfois déplacées du centre et du sud de l’Europe vers nos régions plus au nord, ce qui a provoqué des averses locales surtout dans la partie sud du pays. Ce fut surtout le cas en mai et au début du mois de juin.

Ces précipitations sous forme d’averses, combinées à un sol durci par la sécheresse, ont provoqué un phénomène de ruissellement, empêchant la pluie de pénétrer le sol, et accentuant encore son état de sécheresse.

Les quantités de précipitations mesurées par notre station automatique à Uccle depuis avril, sont représentées dans la figure suivante.

La situation de sécheresse est encore plus prononcée à d’autres endroits. Si nous faisons abstraction des averses qui se sont produites à la fin du mois d’avril, et que nous établissons une liste des totaux de précipitations du 1 mai jusqu’à présent, nous pouvons établir un classement des 10 valeurs les plus sèches et les 10 valeurs les plus humides :

StationPrécipitations sur la période 01/05 – 17/07 (en mm)
Herne27.2
Houtem27.8
Lozen30
Lichterveld34.5
Zele34.7
Kessenich/Ophoven36.2
Beauvechain37.1
Nieuwkerken38
Nethen38
Brain-l'Alleud39.9
Frassem162.6
Presgaux165.2
Cheoux168.3
Liège-Monsin183.6
Humain184.8
Elsenborn212.3
Mont-Rigi235.9
Lacuisine249.4
Angleur250.2
Rutten265.4

Nous n’avons donc mesuré que quelque 30 mm de précipitations en 2,5 mois dans certaines régions. C’est surtout dans certaines régions de l’Ardenne que les valeurs se rapprochent des normales (conséquence des orages localement violents qui se sont produits à plusieurs dates en mai et début juin 2018.

L’indice SPI est souvent utilisé afin de se rendre compte à quel point les quantités tombées s’éloignent des normales. Les valeurs observées et les prévisions de cet indice de sécheresse peuvent être consultées sur notre site web. Si l’on prend en compte une période de 90 jours (SPI-3), les quantités de précipitations tombées en de nombreux endroits sont très faibles, surtout dans la partie nord du pays, bien que la variabilité spatiale des averses provoque là aussi des disparités importantes. C’est ainsi que l’on constate, par exemple, une ligne allant de Saint-Trond en passant par Diest et Aarschot, où les totaux de pluie ne s’éloignent pas tellement des normales, grâce aux averses des mois de mai et de début juin.

Durant les prochains jours, le blocking anticycloniquepersistera sur la Scandinavie et se combinera parfois avec des dorsales issues de l’anticyclone des Açores. Cette configuration constituera alors toujours une barrière faisant obstacle aux perturbations atlantiques qui ne pourront dès lors pas atteindre nos régions. Une grande partie de l’Europe Occidentale restera alors sous l’influence d’une masse d’air peu mobile qui s’échauffera au fil des jours. Les premières tendances indiquent la prolongation de cette configuration atmosphérique au moins jusqu’à la première semaine du mois d’août. Même si des averses ou orages seront parfois possibles localement et de manière transitoire, les projections n’indiquent pas d’épisodes de précipitations significatives et à grande échelle dans un horizon de 2 semaines. Par conséquent, l’extrapolation de l’indice de sécheresse SPI-3 à 10 jours, montre le maintien et même l’extension de la zone qualifiée « d’extrêmement sèche » (déficit présentant une période de retour moyenne de plus de 50 ans), à un niveau proche de celui de l’année 1976 à la même période. Cette évolution doit bien sûr être confirmée et affinée, vu l’accroissement de l’incertitude affectant les prévisions à de telles échéances.

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