Pourquoi le GIEC est-il important pour la science et la politique climatiques ?

Début août paraîtra le sixième rapport sur le climat du GIEC ou Groupe d'experts Intergouvernemental sur l'Evolution du Climat. Les rapports rassemblent et évaluent les dernières recherches sur le climat dans le monde entier. Mais qu'est-ce que le GIEC, comment fonctionnent-ils et pourquoi sont-ils si importants pour la science et la politique climatiques ?

Qu'est-ce que le GIEC ?

Le GIEC a été créé en 1988 par l'Organisation météorologique mondiale (OMM) et le Programme des Nations unies pour l'environnement, et compte actuellement 195 pays membres du monde entier. Le GIEC recueille, analyse et révise régulièrement les connaissances scientifiques, techniques et socio-économiques sur le changement climatique. Les résultats de ces évaluations sont compilés dans des rapports, appelés rapports d'évaluation, auxquels contribuent des centaines d'experts scientifiques du monde entier.

Que fait le GIEC ?

Pour rédiger ces rapports, les experts du GIEC examinent volontairement des milliers de publications scientifiques récentes qui paraissent chaque année. Ce faisant, ils font un résumé détaillé des principales conclusions, qui sont généralement publiées en trois parties :  

  • la base scientifique du changement climatique,
  • ses impacts et les risques futurs sur les systèmes physiques, biologiques et humains
  • les mesures d'adaptation et d'atténuation possibles.

La science comme fondement de la politique climatique

Cinq rapports majeurs ont été publiés depuis la création du GIEC en 1988, chacun d'entre eux ayant été important pour la politique climatique internationale.

1990 : premier rapport d'évaluation

Le premier rapport affirmait avec certitude que l'augmentation moyenne de la température à la surface de la Terre est le résultat de l'augmentation des concentrations de gaz à effet de serre dans l'atmosphère, causée par l'activité humaine. Le rapport a souligné l'importance du changement climatique en tant que défi ayant des conséquences mondiales et nécessitant une coopération internationale. Ces conclusions ont conduit à l'établissement de la Convention-cadre des Nations unies sur les Changements Climatiques, un important traité international visant à limiter le réchauffement de la planète et à faire face à ses effets.

1995 : deuxième rapport d'évaluation

Les conclusions du premier rapport ont été réaffirmées dans le deuxième rapport de par la nouvelle augmentation des concentrations de gaz à effet de serre et l'augmentation des températures moyennes à la surface du globe qui en résulte. Ce deuxième rapport a fourni des éléments importants pour l'élaboration du Protocole de Kyoto en 1997, dans lequel les pays industrialisés se sont engagés pour la première fois à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre.

2001 : troisième rapport d'évaluation

Le troisième rapport souligne les conséquences du changement climatique et l'importance de s'y adapter.

2007 : quatrième rapport d'évaluation

Le quatrième rapport conclut avec une grande certitude que le changement climatique va se poursuivre. Le rapport a servi de base à l'accord post-Kyoto, dans lequel la nécessité de rester en dessous de 2°C d'augmentation de la température moyenne a été citée pour la première fois.

2013-2014 : cinquième rapport d'évaluation

Le cinquième, et provisoirement dernier rapport d'évaluation, a confirmé les conclusions antérieures : le réchauffement observé depuis les années 1950 est indiscutable et l'activité humaine en est la cause principale. Le rapport a fourni la base scientifique de l'Accord de Paris, qui vise à maintenir l'augmentation de la température mondiale en dessous de 2°C ou, de préférence, de 1,5°C par rapport aux niveaux préindustriels.

En plus de ses rapports généraux, le GIEC publie également des rapports spéciaux qui étudient des sujets spécifiques. Par exemple, les conséquences d'un réchauffement de 1,5°C et la relation entre le changement climatique et l'utilisation des terres, la glace et les océans. 

En août, la première partie (sur les bases scientifiques du changement climatique) du sixième rapport du GIEC sera publiée. Les prochaines parties du rapport seront publiées dans le courant de l'année 2022.

Méthode de travail ouverte et transparente

Un processus ouvert et transparent est au cœur du GIEC. Ses rapports sont rédigés et révisés en plusieurs étapes. Outre les auteurs, des milliers d'experts apportent leur contribution afin que les rapports rassemblent toutes les informations scientifiques de manière objective et complète.

Notre collègue scientifique Rafiq Hamdi est l'auteur principal de l'un des chapitres du sixième rapport qui doit être publié en août. Il nous parle de la manière dont les rapports sont rédigés :

"Nos textes sont soumis à de nombreuses évaluations, tant en interne par les co-auteurs des autres chapitres qu'en externe par d'autres scientifiques et autorités. À chaque examen, nous recevons des milliers de commentaires que nous traitons et mettons en œuvre. Nous le faisons en consultation avec les auteurs principaux des différents chapitres afin d'obtenir une version finale qui soit cohérente avec les autres chapitres."

En outre, le GIEC utilise un style de communication clair, formel et nuancé. Par exemple, les définitions sont utilisées pour indiquer le degré de certitude des conclusions des scientifiques.

"En tant qu'auteurs, en plus d'évaluer la littérature scientifique sur la base de l'expertise de chacun, nous devons également tenir compte des définitions et des directives du GIEC, comme le degré de certitude de certaines conclusions", ajoute Rafiq.

Important pour la science et la politique climatiques

Les rapports d'évaluation du GIEC sont pertinents tant pour la science que pour la politique climatiques. Le GIEC ne mène pas lui-même de recherches scientifiques, mais ses rapports sont une référence essentielle pour les scientifiques : ils fournissent un aperçu objectif et complet des dernières recherches sur le climat et indiquent si des recherches supplémentaires sont nécessaires sur certains sujets.

En outre, les rapports fournissent une base scientifique importante pour les négociations gouvernementales sur la politique climatique et, à plusieurs reprises dans le passé, ont inspiré l'élaboration d'accords et de traités internationaux majeurs (voir ci-dessus). Ainsi, les évaluations du GIEC sont pertinentes au niveau politique mais elles ne sont pas prescriptives : elles décrivent comment le climat peut évoluer à l'avenir selon différents scénarios et les risques possibles qu'ils impliquent, sans imposer de mesures aux décideurs politiques.

Ne manquez pas de consulter notre page d'actualités début août, vous y retrouverez les principales conclusions du nouveau rapport du GIEC.

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